Gisele A #1 – Comment et pourquoi je me suis retrouvé sur un navire cargo ?

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J’atteins l’Égypte le 28 novembre 2017 d’une manière assez particulière. Plusieurs personnes impliquées dans mon passage entre Marseille et Alexandrie me disent qu’il est tout à fait exceptionnel qu’un passager puisse embarquer à bord d’un navire porte-conteneurs. C’est effectivement à force de discussions, de rencontres, de négociations et grâce à l’implication de nombreuses personnes que cette traversée a pu se faire. Les raisons ayant motivé mon souhait de voyager à bord de ce type de navire sont tant d’ordre pratique que sentimentales.

En effet, je pense que l’origine de mon envie provient de mon enfance, lorsque, à environ 12 ans, j’ai été invité à visiter un navire dans le port d’Anvers par Philippe Meert, actuel président de la BelgoEthiopian Association, soutien de Bike with Diabetes. À l’époque, Philippe était directeur de Reuse nv, une compagnie maritime spécialiste du marché africain. Comme tout garçon de cet âge, j’étais fasciné par les grands engins, bulldozers, grues, etc… Vous imaginez bien ce que monter sur un navire de 200 mètres de long, transportant des centaines de containers pouvait représenter pour moi ! Et que dire de la taille immense des machines, du bruit et de la chaleur qui en émanaient ? Le moteur, à lui seul faisait probablement la taille de trois bulldozers. Cela ne pouvait que m’impressionner. Cette visite n’a probablement pas duré plus d’une heure et son souvenir s’est peu à peu estompé au cours du temps, mais elle est restée tapie dans mon subconscient.

Il y a quelques années, alors que je rêvais de voyager à travers les USA, je me suis intéressé à des modes de voyages alternatifs. L’un de ces modes, presque inexistant dans la culture européenne et, certes marginal, mais bien ancré dans la culture américaine, est le freight hopping. Cette pratique, populaire à l’époque de la ruée vers l’or, puis lors de la Grande Dépression, consiste à voyager sur des wagons de trains de marchandises, et continue de faire partie de la culture hobo aux USA. Différents sites internet sont consacrés à cette culture, notamment NorthbankFred.
Voici une courte vidéo illustrant ce que peut être le freight hopping : https://vimeo.com/254828076

Mon intérêt s’est ensuite tourné vers la traversée des océans Atlantique et Pacifique sur des navires à containers. Je suis tombé sur des récits de voyageurs à ce sujet, mais le coût de que cela représentait, plus de 3.000€, était sans comparaison avec la gratuité du freight hopping. J’ai donc demandé à Philippe ce qu’il pensait de mon projet et s’il lui semblait possible d’organiser un tel voyage. À ma grande déception, il m’a expliqué que la législation encadrant le voyage de passagers à bord de tels navires avait beaucoup évolué ces dernières décennies. À présent, embarquer sur un bateau cargo, nécessitait énormément de démarches administratives et devenait donc extrêmement compliqué à organiser, même pour les membres de famille des équipages. J’ai donc abandonné l’idée en la laissant sombrer dans un coin de mon esprit.

Ce faisant, je me suis rendu compte que toutes ces idées de voyages étaient une manière pour moi d’éviter de me confronter à mon rêve d’enfance : voyager à travers l’Afrique. Comme vous pouvez l’imaginer, ce n’est pas le genre de projet qui s’organise en deux coups de cuillères à pots. Surtout si l’on combine l’itinéraire choisi avec le mode de déplacement et la logistique nécessaire au traitement du diabète. Après quelques hésitations et beaucoup de réflexion, j’ai finalement décidé de me lancer.

Dès l’instant où je le lui ai annoncé, Philippe a décidé de soutenir le projet. Toujours à propos, sa perspicacité a mis en lumière certaines contraintes pratiques susceptibles d’apparaître tant lors de la préparation du voyage que lors du périple lui-même. Rien d’étonnant, au vu de son expérience de l’Afrique et du voyage en général. Il a, à titre d’exemple, traversé le désert du Sahara à pied dans les années 70 !

À un moment donné, en assemblant les différentes pièces du puzzle, l’idée de prendre un bateau cargo a refait surface, car :
1. J’avais décidé d’atteindre Cape Town par l’Afrique de l’Est ;
2. La situation politique au Proche-Orient ne me permettait pas d’atteindre l’Égypte uniquement par la terre ferme ;
3. Je voulais éviter de prendre l’avion avec mon vélo, synonyme de casse matérielle ;
4. L’ensemble du projet étant hors norme, pourquoi ne pas sortir le grand jeu ?

Philippe m’a alors suggéré de contacter le nouveau directeur de Reuse qui l’a remplacé lorsqu’il a pris sa retraite, afin de voir s’il pouvait m’aider à trouver un navire sur lequel effectuer la traversée. C’est ainsi qu’à peu près un an avant de quitter Bruxelles à vélo, j’ai rencontré Tomas Steppe à Anvers. Je lui ai exposé mon projet et il m’a promis de faire ce qu’il pourrait pour m’aider, car il appréciait le message et les objectifs de Bike with Diabetes. Cela étant, le résultat final dépendrait d’autres acteurs dont la collaboration était incontournable à la réalisation de ce souhait.

Heureusement, Reuse dispose d’un vaste réseau de partenaires lui permettant de toujours proposer une solution logistique à ses clients. Parmi ces partenaires, il y a Transcausse, une entreprise basée à Marseille et dont le directeur, Xavier Lassalle, à accepté de contacter un armateur turque, ARKAS Holding, que Transcausse représente à Marseille, afin de leur demander s’ils accepteraient de me laisser embarquer sur l’un de leur navires faisant route pour Alexandrie.

Quelques semaine avant d’atteindre Marseille, j’ai été mis en contact avec Hélène Lambert, de Transcausse, à qui mon dossier avait été confié. Hélène s’est adaptée à une situation et à une procédure tout à fait inhabituelle, et s’est démenée pour rassembler les informations et documents nécessaire pour permettre mon embarquement sur le Gisele A, l’un des navires d’ARKAS. Quelques jours avant d’atteindre Marseille, Hélène m’a mis en contact avec les représentants d’AFCC, une entreprise fournissant un service d’intermédiaire administratif entre la compagnie maritime, l’armateur et les autorités portuaires.

C’est donc grâce à la collaboration et l’intervention de bon nombre de personnes que tout ceci a été possible, et je ne remercierai jamais assez chacune d’entre-elles !

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