Cabrils, 8 novembre 2017
Jose Miguel, le fabriquant de la remorque, m’appelle pour m’annoncer que la remorque est prête.
Le lendemain, je quitte Cabrils tôt le matin afin d’éviter les embouteillages dans Barcelone. J’atteins la ville sans trop de difficultés, malgré la densité du trafic. Puis il s’arrête. Et repart. Et s’arrête à nouveau. Je suis pris… L’accordéon automobile joue sa mélodie. Une mélodie jouée dans tant de villes à travers le monde d’une manière plus ou moins ordonnée, mais jamais agréable à l’oreille, ni aux poumons.
Je pense à Maurice qui m’a accueilli la première nuit de ce périple. Dans mes souvenirs, Maurice est la première personne que j’ai entendue utiliser l’analogie de l’accordéon pour parler d’embouteillages. Je devais avoir 15 ou 16 ans. Il n’a pas inventé l’expression, bien sûr, mais l’expression est restée gravée dans ma mémoire lorsque je l’ai entendue. Peut-être parce que Julien, son fils, est accordéoniste ?
Pour Maurice, les embouteillages en rentrant du travail faisait partie d’une routine qu’il mettait à profit pour écouter de la musique classique et se relaxer. La musique transforme les embouteillages en moments relaxants… Quel pouvoir étrange !
Des motos et des scooters me dépassent par les deux côtés en trombes de 5, 10 ou même 20, parfois en changeant de file devant ou derrière moi. Je dois être prudent. Je pense à Cristina qui se déplace en moto et qui a une réunion à Barcelone ce matin. Peut-être que c’est l’une d’entre-elles ? Elle en a du cran de se déplacer dans un traffic pareil !
Sa réunion porte sur une bande dessinée au sujet de la crise des réfugiés sur laquelle elle travaille avec cinq autres dessinateurs. Chacun des dessinateurs illustre le récit d’un réfugié venant d’un pays différent jusqu’à son arrivée à Barcelone. Il en faut des tripes, pour partir en exil !
Une fois Barcelone passée, j’écoute Ajde Jano / No Border, une composition sur l’exil et les frontières, un morceau arrangé par Turdus Philomelos, l’un des groupes de Julien. Oui, la musique c’est quelque chose !
J’arrive à Alforja aux environs de midi après plus de 4 heures de route, car j’ai évité les autoroutes à péage afin de réduire les coûts du trajet. Alforja est un petit village médiéval perché dans les montagnes à environ 150 km au sud-ouest de Barcelone. Les rues sont très étroites et je dois parfois manœuvrer pour emprunter certaines rues, en rentrant les rétroviseurs pour éviter de les griffer contre les murs des maisons. L’étroitesse des rues et l’ombre qu’elle procure doit être appréciée durant les heures chaudes de l’été. Elle l’est peut-être aussi par le soulard du village qui n’a pas trop de pas à parcourir vers la gauche ou vers la droite pour trouver un mur contre lequel s’appuyer, quel que soit le côté vers lequel Newton est en train de le tirer. Je suis dans un autre monde dans lequel je m’amuse à penser que l’éthanol intégré dans l’essence des voitures est responsable des griffes sur leurs carrosseries.
José Miguel a fait du bon boulot. Bien que loin d’être légère (6,5 kg pour le chassis de Industrías JLL et 5 kg pour la malle à vide), la remorque est solide, s’adapte parfaitement au vélo et est plutôt jolie. Je la teste. Parfait !
Je me promène dans le village pendant que la facture est émise. Des hauts-parleurs répartis dans tout le village diffusent une communication de la mairie au sujet d’une célébration qui aura prochainement lieu. Je suis effectivement dans un autre monde.
Je rentre à Cabrils, cette fois ci en empruntant la route côtière jusque Barcelone. Il fait beau, et la vue est magnifique. Je décide de m’arrêter quelques instants. Un porte conteneur fait route à l’horizon, entre la mer bleu foncé et le ciel bleu clair. Je me demande comment sera la traversée vers l’Égypte…
Je me prépare à quitter Cabrils lorsque Joséphine s’envole à destination de Nouakchott, capitale de la Mauritanie, accompagnée de sa maman et des ses deux enfants, Abel et Giulia. Nous prenons une dernière photo avant que Guillem ne les conduise à l’aéroport. Il fera lui-même le voyage en voiture à travers l’Espagne, le Maroc et le Sahara Occidental, accompagné de son frère Dani.
Alors que les pourparlers sur l’indépendance sont le sujet de toutes les discussions en Catalogne et dans la presse internationale, une dernière touche est apportée à la remorque avec le placement d’un système d’attache et un autocollant… de l’étoile catalane !
Au final, ce seront 3 semaines que j’aurai passée à Cabrils au lieu des 2 ou 3 jours que j’avais initialement imaginé dans un planning serré.
Le lendemain matin je prendrai la route pour Valence et emporterai avec moi les souvenirs d’une expérience que je n’aurais jamais vécue si Joséphine, Guillem, Paco, Rosa et leur famille ne m’avaient pas accueillis aussi généreusement et chaleureusement!
Paco et Rosa me disent même qu’ils me rejoindront peut-être lorsque j’atteindrai le Malawi. Voilà une perspective plus qu’enthousiasmante !
Merci pour les nouvelles, Arthur.
Bonne continuation et bon courage.
Jean Pierre
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Merci Jean-Pierre !
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